Tubuai aux Australes: quatre jours sous la pluie. WIPA !
Nous avons découvert Tubuai sous la pluie. Pas une petite averse qui passe et après il fait beau. Non. La grosse pluie continue avec du vent froid pendant quatre jours ! Heureusement que nous avons rencontré Willson et sa fille Mohea, propriétaires de la pension Wipa Lodge qui, grâce à leur merveilleux accueil, ont réussi à illuminer notre séjour.
Tubuai, île principale de l’archipel des Australes
Tubuai est le chef-lieu des îles de l’archipel des Australes, habité par à peine plus de 2000 personnes et situé à 640 km au sud de Tahiti, un peu au dessus du tropic du Capricorne. C’est une île volcanique entourée par une barrière de corail et huit motu qui délimitent un lagon peu profond, le plus vaste des îles Australes.
Le climat de l’île est plus frais et tempéré que celui de Tahiti avec des températures inférieures de 2 à 5 °C. Et, comme nous avons pu amèrement le constater, il pleut aussi plus avec moins de jours d’ensoleillement.
Pour se repérer: Mais c’est où Tahiti ? Géographie et cartes de la Polynésie française
La colonisation polynésienne de l’archipel est datée entre 1000 et 1200 de notre ère. C’est Samuel Wallis, en 1767, qui est le premier européen à faire mention de l’île et c’est James Cook qui y débarque, en 1777, et baptise l’île Toubouai. Tubuai est annexée par la France en 1842.
L’économie de Tubuai est très peu développée et est principalement tournée vers l’agriculture maraîchère grace à son climat tempéré et ses précipitations abondantes (on ne le répétera jamais assez) !
Wipa Lodge
La pension Wipa Lodge est située au nord de l’île, un peu avant le village de Mataura, quand on vient de l’aéroport. Notre bungalow, comme les quatre autres de la pension, est récent, spacieux, impeccable et décoré avec beaucoup de goût. On sent bien la touche de Mohea qui nous explique qu’après son école d’hôtellerie, en France, elle a travaillé plusieurs années dans les grands hôtels de Bora-Bora avant de se mettre à son compte.
Il ne nous faut pas longtemps pour rencontrer son père, Willson, une figure incontournable et excentrique de Tubuai. Il est intarissable et partage avec bonne humeur et véhémence sa passion pour la culture de son île. Il nous explique qu’il a été choisi par les anciens, alors qu’il était encore tout jeune, pour transmettre aux générations futures les connaissances ancestrales. Pourquoi lui ? Peut-être parce qu’il avait déjà rencontré Louis XIV qui, semble-t-il, est très « cool » ! Nous découvrons bientôt que Willson est aussi l’instigateur du mouvement WIPA, c’est à dire Wind Island Program Austral et qui, si nous avons bien compris, a été créé pour promouvoir le kitesurf aux Australes. Mais WIPA a une autre signification, non officielle : Willson Intervient Partout aux Australes !
WIPA !
Mais ce n’est pas tout ! WIPA est devenu une sorte de marque de fabrique. C’est le nom de la pension et c’est aussi un moyen de se saluer à Tubuai. Ici, quand on se croise, on ne fait pas, comme partout en Polynésie, le signe du surfeur avec le pouce et l’auriculaire levés. Trop banal. A Tubuai, on ramène la main droite tendue vers l’épaule gauche, et on dit « WIPA »!
Visite culturelle de Tubuai avec Willson
Quand il pleut (vous ai-je déjà dit qu’il pleut beaucoup aux Australes ?) et qu’on ne peut pas profiter du lagon, quoi de mieux qu’une petite visite des sites remarquables de l’îles ? C’est ce que nous propose Willson qui retrace pour nous l’histoire de la Bounty à Tubai puis nous convie à une cérémonie sur le site d’un marae.
Les mutinés de la Bounty
En 1787, la Bounty part d’Angleterre avec la mission de récolter des arbres à pain (uru) à Tahiti pour les ramener et les acclimater aux Antilles afin de nourrir les esclaves. Le problème est que William Bligh, le commandant du navire, est particulièrement tyrannique et injuste. Après la récolte des arbres pendant six mois à Tahiti, la Bounty prend le chemin du retour. C’est à ce moment là, le 28 avril 1789, que Fletcher Christian, un des officiers, déclenche la mutinerie. Le Capitaine Bligh, avec dix-huit autres marins sont débarqués en pleine mer sur une chaloupe et Christian met le cap sur Tubuai à la recherche d’un coin tranquille où il ne risque pas d’être retrouvé par la marine anglaise.
La Bounty arrive, le dans la baie qui est baptisée après son passage la « baie sanglante ». On se doute que cette première rencontre avec les habitants de Tubuai se termine mal ! Surtout pour les insulaires, puisque douze d’entre eux sont tués par les marins qui se sentant menacés tirent avec leurs mousquets ou les canons (en fonction des versions!).
La baie sanglante
Fort George
La Bounty retourne alors à Tahiti puis revient à Tubuai, le 23 juin 1789, avec du bétail. Cette fois l’équipage est bien accueilli par le chef Tamatoa. Fletcher Christian est autorisé, en échange de quelques plumes rouges, à construire le Fort George, du nom du roi d’Angleterre. Il s’agit d’une construction de 100 m de coté, en bois avec une tour de guet à chaque coin, un fossé et un pont-levis. Mais les relations avec les habitants de Tubai se dégradent rapidement et tout cela se termine par une bataille où 68 d’entre eux sont tués. Après un référendum entre les marins, la Bounty quite définitivement Tubuai et repart à Tahiti, en septembre 1789.
Aujourd’hui, le seul vestige du fort George est la plaque commémorative située au nord-ouest de l’île.
Pour tout savoir : La Bounty : l’extraordinaire histoire de la mutinerie
Cérémonie au marae
Willson nous conduit sur le site d’un des marae dont il a la charge. Il nous présente le lieu sacré et nous explique le déroulement de la cérémonie. Chacun notre tour et dans le plus grand silence, nous déposons, au pied d’une pierre, une offrande que nous avons confectionnée un peu plus tôt. Willson accompagne notre geste d’une courte prière murmurée. Quand nous sommes tous passés, il déclame son orero puis nous remercie pour notre participation. Nous comprenons alors toute l’importance du rituel pour notre hôte qui est visiblement très ému.
Cérémonie au marae
Tour de Tubuai à vélo
Nous avons profité d’une petite accalmie dans l’intensité des précipitations pour entreprendre le tour de l’île avec les vélos prêtés par la pension. La route qui longe les plages et le lagon est plate. Les 25 km du tour de Tubuai ne sont donc pas très difficiles à parcourir sauf quand le vent souffle de face !
Bilan de notre séjour à Tubuai
Il faut bien reconnaître que la météo n’a pas été très clémente et que le mauvais temps a pas mal limité notre exploration de l’île. Tant pis. Mais alors, qu’aurions-nous fait de plus, avec un petit rayon de soleil ?
Eh bien, on aurait pu:
- Profiter des belles plages désertes autour de l’île et, en particulier, celle juste en face de la pension
- Passer une journée sur le lagon avec Willson ; déjeuner sur un motu et pêcher des bénitiers
- Grimper au sommet du mont Taitaa, haut de 429 mètres. Il parait que la randonnée de trois heures aller-retour, dont le départ se trouve sur la route traversière, n’est pas très difficile.
C’est vrai que cela aurait été bien, mais nous n’avons aucun regret car nous avons rencontré Mohea et Willson qui ont su rendre notre séjour à Tubuai inoubliable ! Encore merci à eux.
Et, avant de poursuivre notre voyage aux Australes vers Raivavae, je n’aurais qu’un mot pour conclure: WIPA !
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