Île de Pâques : histoire et mystères de la civilisation Rapa Nui

29 Août 2018 | Histoire et Géographie, Tourisme | 14 commentaires

Histoire de l'île de Pâques. Le mystère des moai. La déforestation et la disparition des Rapa Nui

L’histoire de l’île de Pâques reste, en grande partie, toujours bien mystérieuse. Il faut dire que le travail des archéologues est particulièrement difficile à cause du manque de témoignages ou de sources fiables. Même si le voile a été levé partiellement et que les extra-terrestres n’ont rien à voir dans tout cela, de nombreuses questions sont encore sans réponse ou âprement débattues dans la communauté scientifique. Alors, si vous vous intéressez à l’origine des habitants de l’île de Pâques, à l’édification des moai, ou encore à l’effondrement de la civilisation Rapa Nui, vous êtes au bon endroit !

Quand vous aurez terminé et que vous saurez donc tout sur l’histoire de l’île de Pâques, vous pourrez alors lire le prochain article avec sa vidéo et plein de belles photos des différents sites. C’est ici !

Où se trouve l’île de Pâques ?

L’île de Pâques (ou Rapa Nui en Rapanui ! voir l’encadré) est une île chilienne du Pacifique Sud. C’est l’un des endroits peuplés les plus isolés de la planète. L’île habitée la plus proche est Pitcairn (le refuge des mutins de la Bounty), à 2000 Km vers l’ouest. Les côtes chiliennes, vers l’est, sont à plus de 3500 Km. Tahiti est situé à 4200 km à l’ouest. L’île de Pâques est habitée, en 2017, par 7750 personnes regroupées à Hanga Roa, le seul village de l’île.

Île de Pâques ou Rapa Nui ?

Rapa Nui est l’autre nom de l’île de Pâques et désigne aussi ses habitants en langue Rapanui. Nui signifie « grand » en polynésien. Rapa Nui signifie donc « grande Rapa ».

Ce nom fut adopté à la fin du 19ème siècle lorsque les colons français, pour palier à la disparition des habitants historiques de l’île, firent venir de Polynésie française et en particulier de Rapa dans l’archipel des Australes, des ouvriers agricoles pour travailler dans les plantations et les élevages.

L’histoire géologique de l’île de Pâques

L’île de Pâques est une petite île volcanique qui mesure environ 24 kilomètres dans sa plus grande dimension. Elle a été formée grâce à la présence d’un point chaud sous la plaque de Nazca, au sud-est du Pacifique. Il s’agit, en fait, du même phénomène géologique que pour la formation des îles de Polynésie française. Et comme j’ai déjà tout expliqué, il y a quelque temps, il vous suffit de relire l’article ici pour tout comprendre. La forme triangulaire de l’île de Pâques est le résultat des éruptions de trois volcans principaux et d’environ 70 cônes secondaires. Le premier à apparaître fut le Poike, il y a environ trois millions d’années. L’éruption du Ranu Kau survint il y a 2,5 millions d’années. Le Terevaka, âgé d’environ 300000 ans et point culminant de l’île de Pâques à 511 m, est le plus jeune des trois volcans. Les côtes de l’île de Pâques sont rocheuses et les deux seules plages sont situées au nord : Ovahe et Anakena qui fut le point de débarquement des premiers habitants.

Carte de l'île de Pâques ou Rapa Nui

Le peuplement de l’île de Pâques

La migration polynésienne

L’ensemble du triangle polynésien, dont l’île de Pâques à l’angle sud-est, a été colonisé depuis l’ouest de l’Océanie par des peuples austronésiens.  D’après les dernières études scientifiques, la migration aurait débuté depuis Taïwan en 3000 avant J.-C. Les archipels des Samoa et Tonga, situés au centre du Pacifique auraient été atteints vers 800 avant J.-C. Entre 1200 et 1300 après J.-C., tous les archipels polynésiens auraient été colonisés.

Le triangle polynésien

Le triangle polynésien

Les Polynésiens exploraient le Pacifique, à la recherche de nouvelles îles, grâce à de grands catamarans sur lesquels embarquaient plusieurs dizaines de personnes. Ils emportaient avec eux des plantes et des animaux afin de pouvoir les réintroduire sur les îles colonisées. Leur science de la navigation était extrêmement développée. Ils s’orientaient, sans carte ni boussole, en étudiant la position du soleil et des étoiles mais aussi les courants marins et les migrations des bancs de poissons. La position d’une île pouvait être établie, bien avant d’être vue, en s’aidant de la présence des oiseaux, des changements de couleurs de l’eau, de l’aspect caractéristique des nuages qui forment une couronne au dessus des îles et qui sont visibles de très loin.

Lire aussi: Peuplement de la Polynésie: une migration océanienne

Rapa Nui, une île polynésienne

D’après des études récentes, l’île de Pâques n’aurait possiblement connu qu’une seule vague de peuplement par le débarquement de moins d’une centaine d’individus, en 1200 après J.-C. Et d’ailleurs, c’est ce que raconte la légende dans laquelle le premier roi Hotu Matu’a accoste avec sa sœur Avareipua sur la plage d’Anakena avec seulement deux navires.

ïle de Pâques: plage d'Anakena

Plage d’Anakena

De nombreuses preuves viennent étayer l’histoire du peuplement polynésien de l’île de Pâques et il est même probable que les Rapa Nui soient issus de l’archipel des Marquises en Polynésie française. En effet, la langue Rapanui a des racines marquisiennes et les tiki, que l’on trouve aux Marquises et qui représentent des ancêtres sculptés dans la pierre, partagent de nombreuses similitudes avec les moai de l’île de Pâques.

île de Paâques : comparaison entre tiki et moai

Moai et Tiki

Mais c’est surtout l’étude de l’ADN de squelettes d’anciennes sépultures qui a permis d’établir, avec certitude, que les premiers habitants de l’île de Pâques étaient polynésiens. Il a aussi été montré, plus récemment, qu’avant l’arrivée des européens, il y aurait eu des contacts entre des populations précolombiennes d’Amérique du Sud et des Rapa Nui. On ne sait cependant pas si ce sont les Rapa Nui qui ont fait le voyage aller-retour vers l’Amérique ou si ce sont les Américains qui ont navigué jusqu’à l’île de Pâques.

Organisation de la société Rapa Nui

L’organisation de la société Rapa Nui est très mal connue en raison du manque de sources fiables. Les éléments dont nous disposons sont issus des comptes-rendus des explorateurs, des missionnaires et des scientifiques qui ont séjourné sur l’île de Pâques et aussi de ce que raconte encore la tradition orale. Une grande part des informations qui suivent proviennent du musée d’Hanga Roa.

Mana et Tapu

Le Mana et le Tapu (tabou) sont deux principes surnaturels qui contrôlent la société Rapa Nui et qui existent aussi dans l’ensemble de la Polynésie. Le Mana correspond à une force, une puissance spirituelle. Le mana est un attribut du roi qu’il utilise pour le bénéfice de tous. Il sécurise les récoltes et rend la pêche fructueuse. Le Tapu est un ensemble de règles et d’interdictions. Des personnes, des lieux, des aliments peuvent être Tapu. Enfreindre les lois pouvait conduire à de sévères punitions, y compris la mort. On peut citer comme exemples : les aires devant les plateformes (ahu) où étaient érigés les moai et les centres de cérémonie étaient interdits d’accès ; il était interdit de toucher le roi car il concentrait trop de Mana ; les plantations étaient Tapu tant que les premiers fruits de la récolte n’avaient pas été offerts au roi.

Organisation clanique

Selon la tradition, Hotu Matu’a colonisa Rapa Nui et devint le premier Ariki Mau (roi) de l’île. Chacun de ses six fils devint chef d’un des principaux mata (tribus). Au 17ème siècle, il y avait au moins 10 mata organisés en deux confédérations :

  • Ko tu’u aro, tribus de statut social supérieur qui vivaient dans la partie ouest de l’île.
  • Hotu Iti, tribus de statut social inférieur qui vivaient à l’est.

Miru était, selon la légende, soit le fils, soit le petit-fils de Hotu Matu’a. Il fonda le plus important mata. Le Ariki Mau (le roi) appartenait toujours à cette tribu. Le leader de chaque tribu était le plus vieil homme qui descendait directement d’un fils de Hotu Matu’a. Il était responsable du confort spirituel et physique des personnes du clan.

Positions sociales au sein de la société Rapa Nui

Chaque individu avait une place déterminée dans la hiérarchie sociale Rapa Nui :

  • Ariki Mau : le roi et chef spirituel de l’île. La personne qui avait le plus de Mana
  • Ariki Paka : les aristocrates. Avaient aussi du Mana
  • Tangata Honui : les anciens qui conseillaient le roi et les chefs des tribus
  • Ivi Atua : les prêtres de haut rang
  • Matato’a : les guerriers principaux de chaque clan
  • Paoa : les guerriers de rang inférieurs
  • Maori : les experts dans différents arts et disciplines
  • Kio : le plus bas niveau social

Les Hare paenga ou maisons-bateaux

Les hare paenga, encore appelés maisons-bateaux, avaient des fondations en pierres volcaniques percées d’orifices qui permettaient de fixer une structure végétale en forme de coque de bateau à l’envers. De nombreux vestiges de ces habitations sont disséminés sur l’ensemble de l’île de Pâques. L’aspect des maisons-bateaux est connu grâce à des gravures de l’écrivain Pierre Loti, réalisées en 1872, sur lesquelles il a représenté le hare paenga d’un chef Rapa Nui.

île de pâques :Hare Paenga ou maison-bateau par Pierre Loti

Hare paenga par Pierre Loti

Ces habitations étaient réservées aux dignitaires et à leur famille. Les autres membres du clan vivaient probablement dans des huttes plus sommaires sans fondation en pierre ou dans les nombreuses grottes de l’île de Pâques.

île de Pâques: écriture Rongo-rongo

Rongo-rongo

L’écriture rongo-rongo

L’écriture rongo-rongo reste à ce jour encore indéchiffrée. Un mystère de plus ! Il s’agit d’une série de signes gravés sur des tablettes en bois. Selon la tradition orale, le roi Hotu Matu’a serait arrivé sur l’île de Pâques avec 67 de ces tablettes, ce qui semble improbable puisque aucune écriture de ce type n’existe ailleurs en Polynésie. L’autre hypothèse est que le rongo-rongo fut inventé après le passage, en 1770, des Espagnols qui demandèrent aux Rapa Nui de signer un document validant l’annexion de leur île ! On aurait alors affaire à une écriture originale induite par le contact avec l’occident.

Les premières tablettes furent collectées par les missionnaires chrétiens à la fin du 19ème siècle. Il ne reste plus, actuellement, que 26 pièces conservées dans des musées ou des collections privées. Les tablettes sont écrites en boustrophédon inverse ! Cela signifie qu’il faut lire les signes de gauche à droite puis, à la fin de la ligne, retourner la tablette pour continuer à lire de gauche à droite et ainsi de suite de la première à la dernière ligne. Chaque symbole correspondrait à une idée ou une action mais malgré les nombreuses recherches les secrets de cette écriture persistent.

L’âge d’or de l’île de Pâques et le mystère des moai

Les moai, statues colossales en pierre volcanique, emblèmes de l’île de Pâques, ont été sculptés dès l’arrivée des premiers habitants en 1200 et jusque vers 1650.

Combien y a-t-il de moai sur l’île de Pâques ?

Environ 900 moai ont été recensés sur l’île de Pâques. On compte 400 moai érigés sur des plateformes (ahu) en bord de mer, 300 plus ou moins terminés dans la carrière de Rano Raraku et une petite centaine « en chemin » disséminée sur l’île de Pâques, entre la carrière et leur hypothétique destination. La centaine de moai restante correspond à ceux en fragments sur les sites et aux moai dans les musées à l’étranger.

île de Pâques : moai de Tongariki

Moai de Tongariki

Un moai, à quoi ça sert ?

On ne sait pas exactement pourquoi les habitants de l’île de Pâques érigèrent ces statues et ce qu’elles symbolisaient. On suppose que les moai étaient des représentations d’ancêtres illustres déifiés. On pense que leur fonction était de protéger le clan, ce qui expliquerait pourquoi les moai des plateformes (ahu) en bord de mer sont tournés vers la terre. Leur taille imposante pouvait aussi être une démonstration de puissance de la tribu.

Comment sculpter un moai ?

Les moai ont une large tête au menton proéminent, ornée d’yeux en corail blanc ajoutés au moment où la statue était érigée sur la plateforme. Leur corps massif se termine par un gros ventre sur lequel reposent les mains. Ils sont parfois coiffés d’un chapeau (ou d’un chignon) rouge appelé pukao. Le corps de la plupart des moai a été sculpté à partir du tuf de la carrière du volcan Rano Raraku et le pukao avec du tuf de la carrière de Puna Pau. Le tuf est une roche volcanique friable assez facile à sculpter (à relativiser quand même car les Rapa Nui n’utilisaient que des outils en bois, en pierre ou en obsidienne) mais pas très simple à transporter car lourde et facilement cassable.

Moai de l'île de Pâques

Yeux en corail et pukao

Tongariki

île de Pâques : la carrière des moai

La taille des moai varie entre 3 à 21 mètres et ils pèsent plusieurs tonnes. Les plus grands moai de l’île de Pâques sont ceux qui se trouvent dans la carrière du Rano Raraku et ils sont aussi les plus récents. Certains sont, en partie, ensevelis, et c’est pour cela qu’on ne voit que leur tête. Des excavations entreprises par les archéologues ont mis à jour le reste de leur corps. Comme le pensent certains spécialistes, la taille et le poids de ces moai, ne permettaient probablement pas de les déplacer. Ils étaient donc peut-être destinés à rester dans la carrière sans qu’on puisse savoir réellement dans quel but.

Comment déplacer un moai ?

Un des plus grands mystères – et vif sujet de désaccord entre spécialistes- à propos des moai est la technique employée pour les transporter depuis la carrière jusqu’aux plateformes aux quatre coins de l’île. Les Rapa Nui n’avaient pas inventé la roue et n’avaient pas de bête de trait pour les aider à déplacer ces colosses de plus de 10 tonnes.

De nombreuses théories ont tenté de répondre à la question. Faire rouler les moai sur des rondins de bois a été la première hypothèse qui a été testée par l’archéologue Jo Anne Van Tilburg en 1998. Cette méthode qui implique l’utilisation de grandes quantités de bois expliquerait, selon la théorie du suicide écologique largement remise en cause, la déforestation de l’île de Pâques. Récemment, une équipe a réussi à déplacer une réplique de moai attachée au niveau de la tête avec des cordes, en la faisant se dandiner debout, un peu comme un réfrigérateur lors d’un déménagement. Le moai a parcouru une centaine de mètres avec seulement 18 hommes à la manœuvre. Cette méthode permettrait d’expliquer pourquoi des moai « en chemin » qui n’ont pas atteint leur destination sont couchés sur le ventre. Ils seraient tombés en avant emportés par le poids de leur ventre. S’ils avaient été déplacés avec des rondins de bois, ils auraient été plus probablement allongés sur le dos. Mais lors de l’expérience, il s’agissait d’un moai de seulement cinq tonnes en béton, donc plus léger et moins fragile. De plus le terrain était plat, lisse et dégagé, ce qui ne correspond pas du tout à la géographie de l’île de Pâques.

île de Pâques : carrière du Rano Raraku

Carrière du Rano Raraku

île de Pâques: moai enterrés au Rano Raraku

Moai enterrés

Moai en chemin sur l'île de Pâques

Moai en chemin

L’archéologue Nicolas Cauwe, quant à lui, pense que les moai des plateformes n’ont pas été déplacés depuis la carrière mais ont été sculptés sur place et que ce sont seulement des blocs de tuf brut qui ont été transportés sur des rondins. Mais alors que sont les moai « en chemin » ?

Vous l’aurez compris, il n’y a finalement aucune théorie qui est complètement satisfaisante et surtout qui fait consensus. Les recherches sont toujours en cours pour essayer de résoudre la question du déplacement des moai.

Le déclin des Rapa nui

La disparition des forets de l’île de Pâques

Lorsqu’on visite l’île de Pâques, l’absence de forêt est particulièrement remarquable. Mais il semble bien que cela n’a pas toujours été le cas. Des recherches archéologiques, portant notamment sur l’analyse des pollens dans les sédiments prouvent que les forêts commencèrent à disparaître à partir des années 1500-1600.

La thèse de l’écocide ou suicide écologique

Pour l’anthropologue américain Jared Diamond qui a publié, en 2005, sa théorie de l’écocide (suicide écologique) dans son livre « collapse », le transport des moai aurait exigé énormément de bois ce qui aurait entraîné la disparition des forets et avec elles l’ensemble de l’écosystème de l’île de Pâques. L’érosion des sols aurait rendu les terres agricoles moins fertiles. Les oiseaux qui ne pouvaient plus nicher auraient déserté l’île. Il n’aurait plus été possible de construire les pirogues pour pêcher. Les Rapa Nui auraient alors sombré dans le déclin et la guerre.

La théorie de l’écocide remise en question

Cette théorie a largement été pondérée ou remise en question par de nombreux scientifiques. La responsabilité du rat polynésien, introduit par les premiers habitants et qui se nourrit des graines a été évoquée, mais c’est peut-être plutôt les aléas climatiques, sur une île fragile, qui ont accéléré la disparition de la végétation. En effet, l’île de Pâques a connu une longue période de sécheresse entre 1570 et 1720. Malgré la dégradation de leur habitat, les Rapa Nui avaient réussi à s’adapter et à maintenir un rendement agricole probablement suffisant. Avec les manavai, jardins entourés de pierres, ils protégeaient les plantes du vent, de l’évaporation et limitaient l’érosion. Ils utilisaient aussi de petits blocs de basalte noir, éparpillés sur les champs, afin, là encore, de limiter l’évaporation et l’érosion. La situation ne s’améliora cependant pas lorsque les moutons, introduits au 19ème siècle par les colons européens, finirent de détruire la végétation qui subsistait. Il semble donc que la déforestation de l’île de Pâques serait secondaire à de multiples causes et que l’édification des moai ne serait pas forcément prépondérante.

Et alors, que penser de la réalité des guerres tribales provoquées par le manque brutal de ressources ? Même si la tradition orale parle de luttes impitoyables entre deux tribus de l’île – les longues et les courtes oreilles – aucune preuve archéologique ne vient confirmer la réalité de ces conflits. Les objets et lames tranchantes en obsidienne que l’on trouve en grande quantité sur l’île de Pâques ne seraient pas, d’après les dernières recherches, des armes mais de simples outils. Mais, encore une fois, il y a débat chez les spécialistes. D’autre part, aucun explorateur occidental n’a été témoin de guerres entre les Rapa Nui.

Paysage de l'île de Pâques

Pas beaucoup d’arbres

Le renversement des moai

Tous les moai de l’île de Pâques ont, à un moment donné, été renversés de leur plateforme puis laissés à l’abandon pendant plus de 200 ans. Les témoignages des explorateurs laissent supposer que ce processus de renversement a été progressif entre le 18ème et le début du 19ème siècle. Les moai debout, que l’on peut observer actuellement, ont été restaurés et redressés à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle.

Plusieurs théories s’affrontent pour tenter d’expliquer pourquoi les statues ont été renversées. La première est directement en lien avec la thèse de l’écocide et des guerres tribales où chaque clan aurait détruit les idoles protectrices des autres. La seconde théorie suppose que les Rapa Nui auraient perdu la foi dans la puissance des moai et les auraient détruits. Pour l’archéologue Nicolas Cauwe, les moai n’auraient pas été saccagés mais couchés avec précaution au moment où les Rapa Nui changeaient de culte.

Le culte de Make Make

La date du début du culte de Make Make est inconnue. Ce que l’on sait, par contre, c’est que lorsque l’explorateur hollandais Roggeveen « découvrit » l’île de Pâques en 1722, les Rapa Nui ne sculptaient déjà plus de moai et vénéraient Make Make. Le dieu Make Make, que l’on retrouve sur de nombreux pétroglyphes, est représenté comme un homme avec une tête de sterne. On ne sait pas quelle place il tenait dans le panthéon des dieux Rapa Nui. Les raisons pour lesquelles les Rapa Nui ont changé de culte restent débattues chez les spécialistes. Pour les défenseurs de la thèse de l’écocide et des guerres tribales, le nouveau culte permettait de retrouver la faveur des dieux et de régler la crise du pouvoir en organisant la compétition de l’homme-oiseau.

île de Pâques : le cratère du volcan Rano Kau où se situe Orongo

Le volcan Rano Kau

La compétition de l’homme-oiseau – Tangata manu – se déroulait, chaque année en septembre, au moment de l’arrivée des sternes fuligineuses sur l’île de Pâques. Les clans se retrouvaient à Orongo sur le volcan Rano Kau. Chaque chef de tribu était représenté par un jeune homme – hopu manu – pour concourir en son nom.

Les compétiteurs descendaient la falaise jusqu’à la mer, puis nageaient sur une gerbe de roseaux jusqu’à l’îlot Motu Nui à 2 km, et se postaient auprès d’un nid de sterne. Le premier à recueillir un œuf fraîchement pondu devait le ramener jusqu’à Orongo. Le chef du compétiteur vainqueur devenait le tangata manu, l’homme-oiseau. Il se retirait alors dans une grotte et endossait, pendant un an, le rôle d’arbitre sacré des conflits entre les clans. Le culte de Make Make prit fin lorsque les missionnaires chrétiens l’interdirent en 1866.

La civilisation Rapa Nui décimées par le choc colonial

L’explorateur hollandais Jakob Roggeveen , aperçut l’île le 5 avril 1722. Comme ce jour était le dimanche de Pâques, il baptisa l’île du même nom. Il ne resta qu’une seule journée à terre ce qui fut suffisant pour qu’une escarmouche éclate et que douze Rapa Nui périssent sous le feu des mousquets de l’équipage. L’Espagnol Felipe Gonzales de Haedo débarqua le 15 novembre 1770 et ne resta que six jour. Le capitaine James Cook, accosta sur l’île de Pâques en mars 1774 pour repartir après quatre jours. En avril 1786, le navigateur français La Pérouse débarqua à son tour sur l’île de Pâques et n’y demeura qu’une journée.

Avec l’arrivée successive des différentes expéditions, les Rapa Nui furent confrontés à des maladies inconnues, introduites par les explorateurs, et contre lesquelles leur organisme ne savait pas se défendre. Ces maladies, telles que la tuberculose ou la syphilis, furent responsables d’une diminution régulière de la population. A cette première catastrophe vinrent s’ajouter en 1862, des raids de marchands d’esclaves venus du Pérou qui déportèrent 1500 insulaires. Cet événement finit de déstructurer totalement la société Rapa Nui car beaucoup de chefs et de sages qui avaient encore la connaissance des traditions et de l’écriture rongo-rongo furent enlevés et moururent en captivité. Finalement, grâce aux protestations internationales, une quinzaine de survivants fut libérée et rapatriée sur l’île de Pâques, rapportant avec eux de nouvelles maladies ! En 1871, l’émigration vers la Polynésie française de 277 habitants, à cause d’un conflit avec des colons français, finit de décimer la population. En 1877, il ne restait plus que 111 Rapa Nui sur l’île de Pâques.

L’île de Pâques devient chilienne

Le Chili annexe l’île de Pâques

Le 9 septembre 1888, le capitaine de corvette Policarpo Toro qui menait les négociations avec les Rapa Nui depuis quelques années, annexa l’île de Pâques au nom du Chili. La lignée royale de Hotu Matu’a étant éteinte depuis 1861, ce fut Atamu Tekenale, considéré comme roi par le gouvernement chilien, qui signa le traité. L’île de Pâques ne se développa finalement pas comme l’avait prévu le Chili et retomba vite dans l’oubli au milieu du Pacifique.

La compagnie Williamson-Balfour

Au début du 20ème siècle, la compagnie chileno-écossaise, spécialisée dans l’élevage des moutons, obtint un bail de 25 ans,  pour exploiter l’île de Pâques. Les 70000 moutons se déplaçaient librement sur l’île pendant que les habitants étaient parqués dans le village d’Hanga Roa. Malgré les révoltes des Rapa Nui, le bail fut renouvelé une seconde fois en 1936. Mais avec la chute du prix de la laine, après la deuxième guerre mondiale, et l’intérêt grandissant du Chili pour l’île de Pâques, le bail fut finalement révoqué en 1953.

L’île de Pâques sous contrôle de l’armée

A partir de 1953 et jusqu’en 1966, l’île fut sous contrôle de l’armée chilienne. Les premières élections municipales de 1965 permirent aux Rapa Nui d’élire leur propre maire. Les Rapa Nui devinrent citoyens chiliens en 1966.

île de Pâques : drapeau

Drapeau de l’île de Pâques

En conclusion

J’ai essayé, à travers cet article, de résumer au mieux les dernières données à propos de l’histoire de l’île de Pâques. Pour y parvenir, je me suis aidé de sources en ligne, de livres, de ce que nous avons entendu et vu pendant notre séjour sur l’île et aussi de notre visite du musée d’Hanga Roa. Mais je ne suis évidemment pas un spécialiste en archéologie, alors n’hésitez surtout pas à compléter ou à corriger ce que je viens d’écrire en commentant la publication.

En tout cas, ce qui est certain, c’est que la majeure partie de l’histoire de l’île de Pâques demeure inconnue. Et pourtant, depuis sa découverte par les Européens au 18ème siècle et jusqu’à aujourd’hui, elle a su attiser la curiosité de nombreux explorateurs et scientifiques. Mais, c’est, sans aucun doute, le mystère qui l’entoure qui fait tout son charme. Alors ne soyons pas trop pressés de tout comprendre et laissons voyager notre imagination. Et c’est d’ailleurs ce que je vous invite à faire en nous accompagnant dans notre magnifique voyage à l’île de Pâques. C’est ici !

A lire : Voyage en Polynésie à organiser soi-même: vols, hôtels, conseils

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L’histoire de l’île de Pâques reste bien mystérieuse. D'où viennent les premiers habitants? Que sont les moai ? Comment a disparu la civilisation Rapa Nui ? Pour tout savoir des dernières avancées scientifiques, il ne reste plus qu'à lire l'article !
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