Voyage aux Gambier: Mangareva et les îles du bout du monde
Il y a quelques mois nous avons voyagé aux Gambier, l’archipel le plus éloigné de Tahiti et le moins visité par les touristes. Eh bien, je ne sais pas si vous allez le croire, mais nous avons encore été conquis !
Les Gambier : cap à l’est
Les îles Gambier, isolées à plus de 1600 km au sud-est de Tahiti, regroupent les îles les plus orientales de Polynésie française. L’archipel, composé de dix îles hautes et dix huit motu, est issu d’un unique volcan partiellement effondré sous l’océan. L’ensemble est entouré d’une barrière de corail de 80 km de circonférence. A l’intérieur du lagon chaque île haute est elle-même entourée d’un récif. L’île de Mangareva, avec Rikitea son village principal, abrite la quasi-totalité des 1500 habitants de l’archipel. Les trois autres grandes îles des Gambier sont Aukena, Akamaru et Taravai.
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Les Gambier, berceau du catholicisme en Polynésie française
Le navigateur britannique James Wilson découvre l’archipel le 24 mai 1797 et le baptise du nom de l’amiral John James Gambier. Ce n’est qu’en 1826 que le premier Européen débarque aux Gambier rapidement suivi par des marchands attirés par le commerce des perles.
C’est dans une ambiance d’intense compétition entre les missionnaires protestants anglais déjà implantés en Polynésie et les Français catholiques que débarque, en 1934 sur l’île d’Aukena, le père Honoré Laval. Le missionnaire catholique convertit rapidement l’ensemble de la population. Il construit de nombreux édifices religieux et fait détruire les marae, lieux de cultes des anciens dieux déchus.
Notre arrivée aux Gambier
Nous partons de Papeete mardi matin à 7h30. Il faut savoir qu’il n’y a que deux rotations aériennes par semaine, le mardi et le samedi, entre Tahiti et les Gambier (les horaires ici). Après une escale à Hao, atoll des Tuamotu, nous arrivons aux Gambier à 13h30, en heure locale (il y a une heure de décalage avec Tahiti). Après les cinq heures de vol, une bonne heure pour récupérer les bagages et encore 45 minutes de navette maritime nous débarquons finalement à Rikitea où Bianca, de la pension Bianca et Benoit, nous accueille.
En quittant l’aéroport, elle nous fait découvrir Rikitea … sous la pluie. Eh oui, il a plu pendant pratiquement tout notre séjour et nous avons eu particulièrement froid. Pourtant, la fin du mois d’octobre est, théoriquement, une bonne période pour visiter les Gambier. Cela nous a rappelé notre douloureuse expérience météorologique à Tubuai et Raivavae, aux Australes. Heureusement que le temps a bien voulu être un peu plus clément par intermittence et surtout pendant notre excursion sur le lagon.
Devant l’aéroport
La pension Bianca et Benoit
A la pension, nous attendent deux belles chambres confortables. La vue sur la baie en contrebas est splendide.
La pension
Les avis que l’on peut lire à propos de la pension sont assez contrastés et certains visiteurs n’ont pas été satisfaits de leur séjour. Ce n’est pas du tout notre cas. Nous avons été très bien accueillis par Bianca et Benoit. Ils étaient disponibles, chaleureux et ont tout fait pour optimiser nos chances de tour sur le lagon malgré la météo. Les repas étaient conviviaux et particulièrement excellents avec une mention spéciale pour les recettes à base de Korori, le pied d’huître perlière.
Balade à Rikitea
Juste au dessus de la pension, nous découvrons la chapelle Saint-Pierre, érigée en 1850 par le père Soulié. Le roi Maputeoa, converti au catholicisme, y repose dans son tombeau. Dans le petit cimetière adjacent, les familles nettoient, repeignent et garnissent de sable blanc les tombes avant la fête des morts, dans quelques jours. Nous continuons vers la station météo de Mangareva avec sa vue sur le lagon puis nous nous arrêtons au niveau des ruines du couvent de Rouru. Nous redescendons, ensuite, vers Rikitea et découvrons la cathédrale Saint Michel, construite en blocs de corail et dont l’autel et les boiseries sont ornés de nacre et de perles. Nous passons devant la tour du roi puis nous rencontrons nos sympathiques collègues au dispensaire médical ! Après une pause déjeuner bien méritée au snack Jojo, nous embarquons pour la visite de la ferme perlière de Bianca et Benoit.
Chapelle Saint-Pierre
Couvent de Rouru
Cathédrale Saint Michel
Cimetière
Rikitea
Autel de la cathédrale
La ferme perlière
La ferme perlière de Bianca et Benoit est située dans le lagon de Mangareva, à quelques encablures de Rikitea. Toutes les étapes de la perliculture nous sont expliquées : la préparation des huîtres, la greffe du nucléus et du manteau, la récolte.
La culture perlière a débuté aux Gambier dans les années 80. Elle est la principale activité économique de l’archipel. Le climat frais convient parfaitement aux huîtres qui produisent des perles extrêmement réputées en Polynésie française et dans le reste du monde. Les producteurs ne vendent plus de perles directement, mais seulement à l’exportation par l’intermédiaire d’un Groupement d’Intérêt Economique, afin de garantir la qualité et les prix. Il n’est alors pas toujours facile d’en acheter sur place. Bianca et Benoit ne vendent pas de perles aux clients de leur pension. Il faut donc se renseigner un peu pour dénicher un vendeur non officiel.
La greffe
Visite des îles Gambier
Alors qu’à notre réveil le temps est encore pluvieux et que le moral est au plus bas, le soleil décide finalement de se montrer. Benoit et Bianca préparent en hâte le pique-nique et nous embarquons tous à la découverte des Gambier.
Nous accostons d’abord sur l’île d’Aukena, située à 5 km de Mangareva. Nous ne nous attardons pas sur la magnifique plage de sable blanc et nous nous dirigeons vers l’intérieur de l’île. Nous traversons les ruines du collège séminaire de Re’e qui était réservé aux garçons alors que les filles vivaient aux couvent de Rouru à Mangareva. Nous découvrons ensuite un four à chaux, un four à pain, puis la fameuse tour de guet et son panorama sur le lagon avec le mont Duff en arrière plan. Nous repartons bientôt pour l’îlot de Mekiro avec ses chèvres et sa croix. Après le pique-nique sur la plage et une petite baignade, direction l’île d’Akamaru. Nous y visitons l’église Notre-Dame de la Paix où est gardée, depuis 1842, la statuette de la Vierge qui sert chaque année à la procession du 15 août. Nous terminons notre journée sur Taravai qui est la seconde plus grande île des Gambier après Mangareva. Et devinez quoi ? Il y a aussi une église sur l’île ! Elle s’appelle Saint Gabriel et a été construite en 1868.
Tour de guet à Aukena
Notre Dame de la Paix à Akamaru
Île de Mekiro
Plage à Akamaru
La fête des morts à Mangareva
Le soir du 2 novembre, nous assistons, dans le petit cimetière au dessus de la pension, à la célébration de la fête des morts. Après la messe, les familles allument des bougies sur les tombes et se recueillent dans la prière. Cette fête, à laquelle nous avions déjà assisté, est très importante en Polynésie française et tout particulièrement aux Gambier, berceau du catholicisme polynésien.
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Le Budget de notre séjour aux Gambier
Notre séjour de 4 jours à 5 (4 adultes et un enfant de moins de 12 ans) nous est revenu à 430000 Francs (3600 Euros). Ce tarif comprend les vols, l’hébergement, la demi-pension et l’excursion dans les îles avec le pique-nique. Il faut rajouter le prix des casse-croûtes et snacks du midi, sans oublier les quelques perles ! Aller au Gambier revient vraiment extrêmement cher. Tant qu’il n’y aura pas de compagnie pour concurrencer Air Tahiti, il n’y a malheureusement aucune raison que cela change.
Conclusion
Bien sûr la météo n’a pas été clémente et nous aurions pu passer plus de temps sur le lagon ou à sillonner les îles Gambier en randonnées. Et pourtant nous ne sommes pas déçus. Bien au contraire. Nous avons découvert une nature magnifique et préservée, une ambiance apaisée, une histoire riche et surtout des habitants qui savent accueillir les rares visiteurs qui débarquent sur leurs îles. Alors même si les Gambier sont en dehors des routes touristiques, l’archipel mérite vraiment le détour. Et c’est justement son isolement qui fait tout son charme.
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